Balade gourmande colorée sur nos marchés de Nouvelle Aquitaine : vins de Bordeaux, foie gras, truffes noires et noix du Périgord

La magie de nos marchés fermiers et de la nature fait la richesse de notre gastronomie française

Quel plaisir de faire des balades gourmandes dans un été indien exceptionnel et éblouissant, véritable pied de nez à ce méchant virus qui veut nous empoisonner.
L’automne a été cette année particulièrement généreux en douceur et en couleurs. Si les fruits comme la noix, la châtaigne, la figue, la pomme nous offrent des desserts très prisées en Aquitaine, les courges, les pommes et les légumes de saison en tout genre nous en mettent plein les yeux et les papilles.
Et comme la saison hivernale en Aquitaine n’est pas une saison triste et froide, elle nous offrira également, au fil de nos balades gourmandes et de nos repas gastronomiques, son lot de produits d’exception dont, notre fierté locale, la truffe noire du Périgord.
Alors ne nous laissons pas empoisonné et partagez le plaisir de My Gourmet Tours au fil de ces saisons.

Focus sur l’huile de noix du Périgord

Si nous avons introduit la noix fraîche relativement récemment dans nos recettes gastronomiques, le Périgord, terre de Cro-Magnon, trouve des traces de coques de noix remontant à plus de 17000 ans.
L’utilisation principale a toujours été sa transformation en huile de noix pour la cuisine mais aussi pour l’éclairage et le savon. Du coup beaucoup des moulins à eau de notre région possédaient à la fois des meules à grains et des meules à huile, plus petites, pour la fabrication de l’huile de noix et de noisettes. Et lorsque les meules étaient en marche elles ne s’arrêtaient pas de la journée. Les fermiers étaient convoqués à une heure précise. Dès que le précédent avait enlevé sa récolte broyée, le suivant versait sa récolte et le broyage des cerneaux recommençait aussitôt pendant environ une heure jusqu’à obtenir une pâte molle blanc-beige. Cette pâte était ensuite chauffée dans une grande marmite en fonte, la «padelle», placée sur un fourneau, remuée et surveillée continuellement pour qu’elle ne brûle pas. Devenue sableuse elle était enveloppée dans une toile de jute et placée très vite dans un pressoir muni d’une vis sans fin. Placé sous des cales en bois, avec un levier enfoncé dans la vis, il fallait s’y prendre à plusieurs pour tourner jusqu’à ne plus pouvoir faire de tour. C’est alors que commençait à s’écouler la belle huile dorée délicieusement parfumée. La pâte tassée devenait un tourteau dur donné en nourriture aux volailles qui pouvait ainsi ajouter des saveurs à leur chair…
Juste pressée et hautement parfumée, cette belle huile de noix que nous attendions avec impatience venaient remplacer nos réserves de l’année passée qui commençait à manquer voire pire, à rancir. Indispensable dans les repas gastronomiques du Sud-Ouest, et présentant des qualités nutritionnelles exceptionnelles, elle reste l’un des produits fermiers phare de notre région, la marque de la gastronomie de notre terroir.
Elle parfume délicieusement les haricots blancs – haricot Tarbais IGP du Sud-ouest, notre préféré bien sûr, qui compose le cassoulet du Sud-Ouest et la Garbure des Pyrénées et qui accompagne immanquablement le gigot d’agneau de nos terres du Sud-Ouest – avec une mention spéciale pour l’agneau de lait de Pauillac dans le Médoc – oui le même Pauillac que celui de notre vin de Bordeaux si réputé. Du coup l’accompagnement d’un tel plat est tout trouvé…
La noix du Périgord reste une production importante de nos jours, labellisée Appellation d’origine Contrôlée (AOC) depuis 2020 et Appellation d’origine Protégée (AOP) depuis 2004.
Mais avant la presse, la préparation des noix relève de tout un rituel traditionnel qui malheureusement tend à se perdre un peu. Plongeons dans mes propres souvenirs d’enfant…

L’énoisage

Quand j’étais enfant, dans les années 60 et 70, au mois de septembre, plié en deux et à la main, mon grand-père ramassait les noix arrivées à maturité après avoir quitté leur coque verte. Il les lavait, les étalait sur des grands cadres de bois grillagés et rectangulaires, fabriqués maison, sur lesquels elles séchaient pendant un bon mois à l’abri des courants d’air.
Si nous n’étions pas à l’école, avec mes frères et sœurs nous aimions l’aider, comme un jeu gourmand pour moi qui adore la noix verte. J’éprouve toujours la même sensation d’impatience et de désir savoureux lorsque j’ôte délicatement et lentement la fine peau qui recouvre les cerneaux tendres des noix vertes, plaisir qui suspend le temps, promesse d’un régal fugace et savoureux.
Venait alors, peu de temps après les vendanges dont je vous parlerai aussi, le temps de l’énoisage.
C’était la fête à la maison. Cela commençait en soirée. Les voisins, les amis, la famille acceptaient volontiers l’invitation à venir trier les cerneaux des coquilles car c’était l’assurance d’une bonne soirée de partage et de gaieté. Chacun y allait de son histoire drôle ou d’une chanson populaire bien connue reprise en cœur : « et pin et pau…cassa cacau » chantait-on dans nos régions dans la langue ancienne de nos grands-parents. Le tout accompagné de cette boisson saisonnière tiré des barriques des dernières vendanges, le « vin bourru », bien loin des vins de Bordeaux millésimés d’aujourd’hui…et de châtaignes grillées directement sur le feu de la cheminée dans une sorte de casserole fermée appelée « diable ».
Munis d’un maillet en bois et d’une planchette épaisse nous tapions d’un coup sec mais mesuré sur la partie bombée de la noix. La coquille éclate alors et laisse apparaître les cerneaux bien dorés. Cette opération n’est pas aussi simple qu’il parait, un coup trop appuyé écrase les cerneaux plus difficiles à trier. Et c’est ainsi qu’entre les coups de maillet et les histoires des uns et des autres nous ne voyions pas le temps passer. Nous restions des heures ensemble, chauffés par la gentillesse de chacun et les bûches crépitantes dans la grande cheminée de la pièce principale. Nous nous quittions tard, les coquilles répandues sous la table immense et les cerneaux rassemblés dans les sacs en jute prêts à partir le lendemain matin au moulin à huile.

Nous ne possédions que quelques noyers plantés sur les terres agricoles de ma famille. Ils ont été arrachés pour la plupart à la fin des années 70 pour laisser la place à une culture céréalière intensive. Tout comme les haies, ils gênaient le passage des tracteurs…alors la politique de « remembrement » a redessinée les parcelles et les a gommés de nos paysages. On voit malheureusement aujourd’hui les conséquences désastreuses de ces choix politiques à l’heure du réchauffement climatique…

Toutefois, la noix du Périgord reste encore une production importante de nos jours, labellisée Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) depuis 2002 et Appellation d’Origine Protégée (AOP) depuis 2004. Nos producteurs locaux perpétuent, suivant un cahier des charges respectueux du produit et du terroir, les traditions de nos grands-parents avec les moyens modernes de ramassage, d’énoisage et de transformation. On trouve de moins en moins de moulin assurant un broyage traditionnel mais j’en connait qui ont à cœur de préserver les traditions.
Une visite de l’un d’entre eux est une belle idée de balade gourmande pour découvrir nos traditions en Périgord !

Deux recettes à la saveur de nos noix du Périgord faciles à réaliser

Ingrédients

pour 6 personnes :

  • 125g de beurre mou
  • 4 cuillères à café de miel du Périgord
  • 100g de farine
  • ½ sachet de levure
  • 130 g de sucre
  • 1 pincée de sel – 3 œufs et bien sûr…
  • des noix du Périgord AOP (environ 200g)

pour 4 personnes :

  • Mélange de salades mesclun et mâche
  • Environ 365g de Gésiers de canard confits en bocal ou sous vide (compter 7/8 gésiers par personne)
  • 20 aiguillettes de magret canard séchées ou fumées selon votre goût
  • 4 œufs de caille
  • des cerneaux de noix du Périgord AOP
  • 1 petit oignon rouge
  • 8 tomates cerises
  • 1 pomme fruit (Pink Lady, Gala ou Chantecler)

Recette

Cake aux noix du Périgord

  1. Pour plus de saveur, commencer par torréfier les noix 10 mn au four.
  2. Mixer ou mélanger à la main ensemble tous les ingrédients à introduire les uns après les autres
  3. Laisser reposer au frigo au moins 2 heures
  4. Transférer la pâte dans un moule à cake beurré
  5. Enfourner 50mn à 160°
  6. Quand le cake est refroidi démouler délicatement sur votre plat à cake et déguster entre amis
  7. Accompagner avec un vin blanc moelleux : vin de Bordeaux comme le Sauternes, vin du Périgord comme le Montbazillac, un « petit » vin de Gascogne comme on dit ici ou encore un vin de Jurançon blanc toujours du pays de notre «bon roi» Henri IV.

Salade de gésiers de canard assaisonné d’une vinaigrette à l’huile de noix :

  1. Cuire les œufs pendant 5mn dans l’eau bouillante et les plonger dans l’eau glacée une fois cuits
  2. Ecaler et couper les œufs en deux
  3. Enlever la graisse qui entoure les gésiers et les frire pendant 1 mn à feu moyen
  4. Emincer et trancher les gésiers en tranches fines
  5. Repasser les tranches à la poêle pendant 1 mn supplémentaire
  6. Emincer l’oignon en tranches fines
  7. Préparer la vinaigrette en mélangeant 1 c de moutarde à l’ancienne ou à l’ail des ours, sel, poivre, 1 c de vinaigre de cidre ou de framboise, les tranches d’oignon, 3 c d’huile de noix
  8. Dans un saladier mélanger vinaigrette et salades
  9. Disposer harmonieusement sur chaque assiette une portion de salade mélangée assaisonnée, les gésiers et les aiguillettes de magret de canard, les cerneaux de noix, les tomates cerises et deux demi-œuf de caille
  10. Cette entrée sera servie avec un vin de bordeaux ou de Bergerac rouge

My Gourmet Tours vous souhaite une belle dégustation entre amis et une bonne préparation des fêtes de Noël en famille !